Par Rahma Mahmoud
Au départ, le rôle des femmes dans l’organisation terroriste Al-Qaïda se réduisait à l’entretien du foyer, à la cuisine et à l’éducation des enfants, mais aussi à la collecte de dons, à l’hébergement, aux soins et à la dissimulation des conjoints et enfants recherchés.
Le fondateur d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (tué au cours d’accrochages avec les forces saoudiennes en 2003), Yussef El-Ayeri, avait publié un texte intitulé « Le rôle de la femme dans le djihad contre les ennemis », où il précisait que : «La raison qui nous pousse à nous adresser aux femmes dans ces pages est la prise de conscience qu’une femme convaincue est la meilleure motivation pour que les hommes fassent ce que Dieu leur a ordonné. Une femme qui s’oppose à ces actions est la plus grande barrière, et le moins qu’on puisse vous demander quand votre mari sort faire le Djihad est de vous taire et d’accepter les commandements de Dieu. Eloigner vos enfants ou votre conjoint du djihad c’est se placer en travers de la voie de Dieu et cela est inacceptable».
L’opposition d’Ayman al-Zawahiri au principe de la participation des femmes à l’action armée a également été enregistrée en décembre 2009. Sa femme, Omaima, avait publié une lettre ouverte aux femmes pour leur dire de «ne pas rejoindre le djihad». Cela est interdit, affirmait-t-elle, parce qu’une femme doit avoir un tuteur au cours de ses déplacements. Elle est donc invitée à «soutenir le djihad par d’autres moyens».
En dépit des réserves d’Oussama Ben Laden et d’Ayman Al-Zawahiri quant au rôle de la femme confinée, selon eux, au foyer et à la logistique, l’organisation a utilisé les femmes pour pousser au djihad : Oum Omar Al-Makiya, une dame âgée, a joué un rôle en Afghanistan, en envoyant son fils au combat mais aussi à la Mecque où elle a incité les femmes à s’engager dans le djihad et son soutien. Elle envoyait de la nourriture aux djihadistes en Afghanistan avant de s’y rendre elle-même. Sous prétexte de soutenir les femmes des djihadistes, elle a fini par rejoindre elle-même le combat.
Afia Siddiqui, une scientifique pakistanaise détenue dans les prisons américaines, est la femme la plus célèbre d’Al-Qaïda. Cette neurologue, formée dans une grande université américaine, se trouve maintenant dans une prison au Texas et purge une peine de 86 ans après avoir été reconnue coupable d’avoir tenté de tuer des soldats américains.
Le rôle des femmes dans Al-Qaïda a évolué, après la guerre en Tchétchénie et l’invasion américaine en Irak, ainsi que les discours de l’autorité légale de l’organisation, Abu Omar al-Seif, sur la participation aux combats.
L’Arabie saoudite a arrêté la première terroriste fondamentaliste, femme de Saleh al-Awfi, ancien chef d’Al-Qaïda dans le royaume (tué lors d’un affrontement en avril 2005). Les autorités saoudiennes ont accusé l’épouse d’Al-Awfi de plusieurs chefs d’inculpation. En plus de couvrir ses méfaits, elle exposait ses trois enfants à une situation risquée sans tenir compte des mauvaises conditions. Elle se déplaçait avec son mari et le reste des éléments de l’organisation d’une maison à l’autre, jusqu’à ce qu’elle soit arrêtée en 2004.
Le rôle de la femme dans Al-Qaïda est aussi apparu dans le premier magazine féminin de l’organisation, « Al-Khansaa », dévoilé en septembre 2004 et supervisé par Oum Oussama, une Égyptienne arrêtée par les autorités saoudiennes pour son activité dans le secteur des médias féminins de l’organisation terroriste. La télévision saoudienne a diffusé ses confessions où elle expliquait qu’elle effectuait des «tâches logistiques» pour Al-Qaïda à travers son site internet.
Les rôles des femmes a également évolué depuis l’annonce de la fusion d’Al-Qaïda au Yémen et en Arabie saoudite en janvier 2009, et de la création de «Al-Qaïda pour le djihad dans la péninsule arabique» dirigée par le Yéménite Nasser Abdul Karim Al-Wahishi (Abu Basseer) et son adjoint saoudien Saeed Ali Al Shahri (Abu Soufiane Al Azedi). De fait, les femmes ont commencé à se déplacer vers les bases où se trouvent leurs maris. Cela est arrivé avec Wafa Al Shahri, qui a accompagné ses trois enfants et son mari Said Ali Al Shahri au Yémen, le 12 mars 2009. Elle y a joué des rôles médiatiques à travers l’organisation « Al-Malaheem Media Production » affiliée à l’organisation terroriste.