Les tensions montent entre Turcs et réfugiés syriens en Turquie. Ces derniers sont aujourd’hui 1,2 millions sur le territoire turc. Selon l’Agence gouvernementale des situations d’urgence (Afad), moins d’un quart d’entre eux sont hébergés dans des camps de réfugiés. Les autres vivent dans les grands centres urbains du pays tels Istanbul ou Urfa, et survivent grâce au travail au noir et à la mendicité. Nombre d’entre eux vivent à la rue, ce qui rend leur présence de plus en plus visible et de moins en moins tolérée au sein des métropoles turques.
L’hostilité croissante s’est traduite ces derniers mois par une série d’actes de violence envers la population syrienne. Le dernier en date remonte à la nuit du 24 au 25 Août. La police du quartier d’Ikitelli à Istanbul a dû disperser une manifestation de 300 habitants du quartier, armés de couteaux et de bâtons, s’attaquant
à des commerces et véhicules de ressortissants syriens, en réponse à l’agression d’une jeune turque, attribuée à des réfugiés syriens.
Le gouvernement, inquiet de ces démonstrations de violence, ne remet pas en cause sa politique de « porte ouverte » aux Syriens fuyant le conflit, mais promet de « se mobiliser pour lutter contre la xénophobie et la discrimination ». Selon Volkan Gorendag, responsable du dossier Turquie à Amnesty International, si l’afflux de réfugiés syriens déséquilibre la société turque, c’est cependant avant tout car le gouvernement d’Erdogan «n’a pas su établir une politique d’immigration efficace», en échouant notamment à accorder aux réfugiés syriens un « vrai statut qui précise leurs droits et leurs devoirs ». Il ajoute qu’un des grands défis de la Turquie dans les mois et années à venir sera « d’apprendre à vivre avec ses réfugiés ».